Publié dans le Quotidien Jurassien le 12 novembre 2021
Le télégramme
L’hichtoire se pésse â temps des télégrammes. Â djoué d’adj’d’heû, èl en adrait âtrement d’aivô l’ natel. Sylvère était viadgeou d’ commèrce po ènne societè que l’enviait dains tote lai Suisse èt bïn svent en l’étraindgie. L’Alvina, sai djûene fanne, dmoérait tote d’ pai lée en l’hôtâ èt s’enneûyait.
Tiaind qu’ lai bèlle-mére airrive tchie sai fille, èlle trove son dgeindre fô d’ raidge en train de faire ses bagaidges.
- Mains, Sylvère, è poinne airrivè te r’pais. Qu’ât-ce qu’è s’ pésse
?
- I vôs l’ veus dire, bèlle-mére, ç’ que s’ pésse. I aî envie ïn télégramme en mai fanne po l’aiptchi qu’i rentrôs. Dvijèz ç’ qu’i aî trovè en l’hôtâ
! Mai fanne, ô, l’Alvina, vot’ tchiere baîchatte, dains mon yét d’aivô ïn incoégnu. Lu s’ât enfu âchtot. I yi aî tchaimpè ses aifféres poi lai f’nétre. Not’ coupye, ç’ât fini. I m’en vais, i veus d’maindaie l’ divorce.
- Paije, mon p’tèt Sylvère, paije
! È y é foûech’ment ènne échpyicâtion. Mai baîchatte n’ât p’ çtée qu’ te crais. Aittends ènne boussiatte, i m’en vais yi djâsaie.
Po d’ temps aiprés, lai bèlle-mére ât de r’touè tote chôriainne :
- Te vois, Sylvère, i t’ l’aivôs bïn dit qu’è daivait y aivoi ènne échpyicâtion. Alvina n’é tot sïmpyement pe r’ci ton télégramme.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Le télégramme
L’histoire se passe au temps des télégrammes. De nos jours, il en irait autrement avec le natel. Sylvère était voyageur de commerce pour une société qui l’envoyait dans toute la Suisse et bien souvent à l’étranger. Restée seule à la maison, Alvina, sa jeune épouse, s’ennuyait.
La belle-mère, qui débarque chez sa fille, trouve son gendre fou de rage en train de faire ses bagages.
- Mais, Sylvère, à peine arrivé tu repars. Qu’est-ce qui se passe
?
- Je vais vous le dire, belle-mère, ce qui se passe. J’ai envoyé un télégramme à ma femme pour l’avertir de mon retour. Devinez ce que j’ai trouvé chez moi
! Ma femme, oui, Alvina, votre chère fille, dans mon lit avec un inconnu. Lui s’est enfui aussitôt. Je lui ai jeté ses affaires par la fenêtre. Notre couple, c’est fini. Je m’en vais, je demanderai le divorce.
- Du calme, mon petit Sylvère, du calme
! Il y a forcément une explication. Ma fille n’est pas celle que tu crois. Attends un moment, je vais lui parler.
Peu après, la belle-mère revient, souriante :
- Tu vois, Sylvère, je t’avais bien dit qu’il devait y avoir une explication. Alvina n’a tout simplement pas reçu ton télégramme.