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Par : Fleury LJ
Publié : 17 mars 2011

Fétes di temps péssè, fêtes du temps passé, Lai Tchaindelatte, GHETE 2010, 108-1208, p.20

AVEC LES PATOISANTS DES "CIEUTCHATTES DI DOUBS"

Fêtes di temps péssé

C’était di temps voué les ménaidges n’aivïnt ne radio, ne tv, c’te bouete voué an voiyant les dgens qu’boudjant c’ment che nos étïns de côte. Lai vétiaince é bïn tchaindgie dâs-li. Finies les belles voiyes d’aivôs les véjïns, les aimis. C’était bïn s’vent qu’ès arrivïnt en tchératte, ou bïn en yuatte che è y aivait d’lai noidge. Tchèque hôtâ aivait ènne étale po rentraie le tchvâ. In copa d’aivoinne et ènne donne de foin : c’était aitôt po lu ènne fête. Nos les afïnts, nos allïns y bèyie ïn socre, pe d’pus, poche que çoli n’était p’trop bon po sai sainté. Nos y bayions aitôt ïn po d’sâ, oubïn ïn bon moéché de métchatte. Le soi de Nâ, les envèllies étïns hèyerous d’s’rétchâdaie d’aivô ènne étchéyatte de tiya, d’vaint d’allaie en lai Masse de Mineut. En ci temps-li, c’était encoué défendu de maindgie d’vaint d’allaie r’cidre lai Comm’nion. Po trompaie lai faim, è y aivait aidé qu’é qu’un po djûere di piano ; nos tchaintïns tus « Les aindges dains nos caimpaignes », « Nâ, Nâ, ïn sâveur nôs at bayie », « Gloria in excelsis Deo »... Ço qu’nôs attendïns tus, c’était d’oyaie le « Mineut Chrétien », tchaintè en solo pait lai belle voix di Fernand Schaad. Nos étïns hèyerous de voûere note môtie tôt piein de lumière, mains s’vent nos yeuyes se foûermaient. Aiche tôt aiprés lai masse, an rentrait en l’hôtâ po pare les maitènnes et euvri les bés paiquets de Nâ. Bïn chûr, è y aivait des loitchries : des nouches, des neujéylles, di chocolat... Bon An nos appoétchait aitôt sai braissie de rédjoiyéssances. De côtume, an djâbrait les aspics tcheus gaîrnis de lédyumes, de cornichons, de maïs, qu’an f’sait pare dains lai dgealée Maggi ou Knoor, ou dains le brûe de tchée, ço qu’était encoué bïn moyou. Çoli était ïn bon dénèe : sope en la tchée, aspic d’aivô d’lai mayonnaise, d’lai motaidge et des salaidges. C’ment loitchries, ènne crème en lai vanille et pe ïn bon toétché en lai crème aigre. Po nos, c’était lai fête, et tchèque cops, nos attendïns qu’papa ne mainque p’de dire « Eh ! è n’y mainque que les crâpés ! » I n’comprends p’qu’é n’é d’jmais aivu ma d’en aivoi tras maindgie ! Le soi de Sylvestre, les bouèbes d’lai tieumnâtée péssïnt dains chèque hôtâ tchaintaie lai Boinne Année. Aiprés aivoi accepté ïn varre de vin tchâ ou d’lai boiènne dichtillée de drie les faigâts - c’té qu’an ne soûértait qu’po lai faire gôtaie es des cognéchous - botaie dains ènne étchéyatte de cafelat bïn foue, po se requinquaie, es continuïnt leur virie. Lai d’joûennée était dje bïn aivaincie tiaind es r’cevïnt yote sôpe es oignons, d’vaint d’allaie pare ïn r’pôs bïn mérité. Nos soitans en vôs tus boinne yoûre po 2011. Que cette année vos aipoétche lai réailijeuchon de vos pus chères enviétiainces. {Lai Tthaindelatte} ---- {{Enregistrement}} Texte enregistré par Michelle Steullet, avril 2011
Fêtes du temps passé, Ghete n°108
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Fêtes du temps passé

C’était du temps où les ménages n’avaient ni radio, ni tv, cette boîte où l’on voit les gens qui bougent comme si nous étions à côté. La vie a bien changé depuis. Finies les belles veillées avec les voisins, les amis. C’était bien souvent qu’ils arrivaient en charrette, ou bien en « petite glisse » s’il y avait de la neige. Chaque maison avait une étable où rentrer le cheval. Un double d’avoine et une donne de foin : c’était aussi la fête pour lui. Nous les enfants, nous allions lui donner un sucre, pas davantage, parce que ce n’était pas trop bon pour sa santé. Nous lui donnions aussi un peu de sel, ou bien un bon morceau de « michette ». Le soir de Noël, les invités étaient heureux de se réchauffer avec une grande tasse de tilleul, avant d’aller à la Messe de Minuit. En ce temps-là, c’était encore défendu de manger avant d’aller recevoir la Communion. Pour tromper la faim, il y avait toujours quelqu’un pour jouer du piano ; nous chantions tous « Les anges dans nos campagnes », « Noël, Noël, un sauveur nous est donné », « Gloria in excelsis Deo »... Ce que nous attendions tous, c’était d’entendre le « Minuit Chrétien », chanté en solo par la belle voix du Fernand Schaad. Nous étions heureux de voir notre église toute pleine de lumière, mais souvent nos yeux se fermaient. Sitôt après la messe, on rentrait à la maison pour prendre les médianoches et ouvrir les beaux paquets de Noël. Bien sûr, il y avait des friandises : des noix, des noisettes, du chocolat... Nouvel An apportait aussi son lot de réjouissances. De coutume, on préparait les aspics cuits garnis de légumes, de cornichons, de maïs, qu’on faisait prendre dans la gelée Maggi ou Knorr, ou dans le bouillon de viande, ce qui était bien meilleur. C’était un bon dîner : soupe à la viande, aspic avec de la mayonnaise, de la moutarde et des salades. Comme friandises, une crème à la vanille, et puis un bon gâteau à la crème aigre. Pour nous, c’était la fête, et à chaque fois, nous attendions que papa ne manque pas de dire « Eh ! il n’y manque que les beignets ! » Je ne comprends pas qu’il n’ait jamais eu mal d’en avoir trop mangé ! Le soir de Sylvestre, les jeunes de la communauté passaient dans chaque maison chanter la Bonne Année. Après avoir accepté un verre de vin chaud ou de la bonne distillée de derrière des fagots - celle qu’on ne sortait que pour faire goûter à des connaisseurs – mise dans une tasse de café bien fort, pour se requinquer, ils continuaient leur ronde. La journée était déjà bien avancée quand ils recevaient leur soupe aux oignons, avant d’aller prendre un repos bien mérité. Nous souhaitons à vous tous bon vent pour 2011. Que cette année vous apporte la réalisation de vos plus chers désirs. {La Chandolatte} 108 - 1208 Ghete2010, page 20 ---- {{Texte à télécharger pour impression}}
GHETE, Fêtes di temps péssè, Tchaindelatte, 110317
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