Publié : 22 janvier 2021

L’efficacité du patois

Le pouvoi di patois

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 22 janvier « 2021 »

Le pouvoi di patois

- Te dairôs yôs prepôjaie ïn djûe en ces dous-li, dit lai Yâdine en son Lucien. Ès sont aidé chu yote taibyatte o bïn d’vaint lai télé. Ces dous-li, ç’ât le Dio, yote grôs bouebe èt peus le Franz, ïn djûene Almousse qu’ât tchie yôs po aippâre le français. Le pére les aippele. Ès s’ faint ïn po prayie, èls airrivant en trïnnant les pies. - I vôs prepôje ïn concoué s’ vôs étes d’aiccoûe. - Bon, bon, qu’ès gronç’nant. - I piaice dous pammes ch’ lai tâle d’vaint vôs. Tchétyun dait mouedre dains sai pamme sains l’éde des mains. Le dyaingnaint, ç’ât çtu que voidge le pus longtemps sai pamme entre ses dents sains lai léchi tchoére. Mit’naint, les mains drie l’ dos ! È trâs, vôs daites gregyie lai pamme. Vôs étes prâts ? - Ô, que répond le Dio. - Ja, que répond le Franz. - Yun, dous, trâs ! Lai Yâdine raivoéte les dous nitious d’aivô tchétiun sai pamme dains l’ moére èt n’ peut p’ s’empâtchie de rujolaie. - Ç’ât bon po toi ? Que d’mainde le pére en son fé. - Ô, que répond l’Aidjolat sains dessarraie les dents. - Èt peus po toi, Franz ? - Ja, que répond l’Almousse, qu’euvre ïn lairdge bac, cment le crâ d’ lai fabye, èt léche tchoére sai pamme. Dio, que djâse patois, ât déçhairè dyaingnou di concouè. Note Dio, Georges rujolaie, rigoler ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

L’efficacité du patois

- Tu devrais leur proposer un jeu à ces deux-là, dit Claudine à son mari Lucien. Ils sont toujours sur leur tablette ou devant la télévision. . Ces deux-là, ce sont Georges, leur grand fils, et Franz, un jeune Suisse allemand placé chez eux pour apprendre le français. Ils se font un peu prier et arrivent finalement en traînant les pieds. - Je vais vous proposer un concours si vous êtes d’accord. - Bon, bon, grognent-ils. - Je place deux pommes sur la table devant vous. Chacun doit mordre dans sa pomme sans l’aide des mains. Le gagnant est celui qui garde le plus longtemps sa pomme entre ses dents sans la laisser tomber. Maintenant, les mains derrière le dos ! À trois vous croquez la pomme. Vous êtes prêts ? - Oui, répond Georges. - Ja, répond Franz. - Un, deux, trois ! Claudine observe les deux ados avec chacun sa pomme à la bouche et ne peut s’empêcher de rigoler. - C’est bon pour toi ? demande le père à son fils. - Oui, répond l’Ajoulot sans desserrer les dents. - Et pour toi, Franz ? - Ja, répond Franz qui, comme le corbeau de la fable, ouvre un large bec et laisse tomber sa pomme. Georges, qui parle patois, est déclaré vainqueur du concours.