Publié : 20 novembre 2020

Fausse malade

Fâsse malaite

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 20 novembre 2020

Fâsse malaite

Les méd’cïns ne manquant pe de traivaiye, chutot l’èrba, d’aivô le croûye temps. È n’ fât p’ les dérandgie po ran, cment lai Mélanie qu’aittend son touè dains le poiye d’aittente. - Entrèz pie, Mélanie, qu’i vôs consulteuche ! Sietèz-vôs ! Aidonc, qu’ât-ce qu’è vôs fait tieusain ? - Bïn, voili, Dottoé. I m’ seus beugnè le dg’nonye contre le bolat en poétchaint le boire és poûes. - Tiaind, çoli ? - Hyie â soi. - Èt peus, çoli vôs fait mâ ? - Nian. - Ç’ât gonçhè ? - Nian. - Ç’ât bieu ? - Nian. - Çoli vôs dgeinne dains vote traivaiye ? - Nian. - Dâili, poquoi vôs étes veni m’ voûere ? - I n’en sais trop ran. Ç’ât vôs l’ méd’cïn. Ç’ n’ât p’ moi. - Mélanie, eurtouénez vôs ottyupaie d’ vos poûes. I n’ai p’ de temps è piedre d’aivô des fâs malaites cment vôs. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Fausse malade

Les médecins ne manquent pas de travail, surtout l’automne, avec le mauvais temps. Il ne convient pas de les déranger pour rien, comme Mélanie qui attend son tour dans la salle d’attente. - Entrez donc, Mélanie, que je vous examine ! Asseyez-vous ! Alors, qu’est-ce qui vous fait souci ? - Ben, voilà, Docteur. Je me suis heurté le genou contre la porcherie en portant la relavure aux cochons. - Quand, ça ? - Hier soir. - Et ça vous fait mal ? - Non. - C’est gonflé ? - Non. - C’est bleu ? - Non. - Ça vous gêne dans votre travail ? - Non. - Pourquoi donc venez-vous me consulter ? - Je n’en sais trop rien. C’est vous le médecin. Ce n’est pas moi. - Mélanie, retournez vous occuper de vos cochons. Je n’ai pas de temps à perdre avec des faux malades comme vous.