Publié : 26 juin 2020

Excuse

Èstiuge

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 26 juin 2020

Èstiuge

Lai mére dit è son nitiou : « I dais paitchi â traivaiye. T’és tot seul en l’hôtâ. I aî botè ton révoiye. Tiaind qu’è soénn’ré, te t’ yev’rés po allaie en l’écôle Ton dédjunon ât ch’ lai tâle. » Lai mére feu, le boûebat s’ât rendremi. És sept, le révoye soénne, longtemps, trés longtemps, dring, dring ! Enfïn, l’afaint se frotte les eûyes, èl raivoéte â d’vaint l’heus. È fait ènne che bèlle djouènèe de tchâtemps. È s’yeve, è dédjune. Son sait ât prât chu l’ bainc d’ care. De sai f’nétre euvie, è raivoéte le s’raye que r’yûe, èl ôt les oûejés que tchaintant. È n’é vrâment âtiune envietaince de fûere en son écôle. « De tote faiçon, qu’è s’dit, en l’aippreutche des grants condgies, an n’ fait pus grant tchose en claisse. » È fot ïn côp d’ pie en son sait, prend l’ téléphone èt aippele lai maîtrasse : - Bondjoué, Daime. Èstiujèz-me d’ vôs dérandgie. Not’ Jean n’sairait v’ni en l’écôle adj’d’heû. Èl ât malaite. Èl ât â yét d’aivô d’lai fievre. - Ah bon. Tiu qu’ât en l’aippareil ? - Ç’ât mai moman. - Yé bïn, Daime, vôs dirèz en vot’ tchairvôte de boûebat qu’è s’dait véti èt peus fûere en l’écôle tot comptant. I l’aittends. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Excuse

La mère dit à son gamin : « Je dois partir au travail. Tu es seul à la maison. J’ai réglé ton réveil. Quand il sonnera, tu te lèveras pour partir à l’école. Ton déjeuner est sur la table. » La mère partie, le garçonnet se rendort. Â sept heures, le réveil sonne, longtemps très longtemps, dring, dring ! Enfin, l’enfant se frotte les yeux, il regarde au dehors. Il fait une si belle journée d’été. Il se lève, il déjeune. Son cartable est prêt sur le banc de coin. De sa fenêtre ouverte, il voit briller le soleil, il entend chanter les oiseaux. Il n’a vraiment aucune envie de se rendre à l’école. « De toute façon, se dit-il, avant les grandes vacances, on ne fait plus grand chose en classe » Il flanque un coup de pied à son sac, prend le téléphone et appelle la maîtresse : - Bonjour, Madame. Excusez-moi de vous déranger. Jean ne peut pas venir en classe aujourd’hui. Il est malade. Il est au lit avec de la fièvre. - Ah bon. Qui est à l’appareil ? - C’est ma maman. - Eh bien, Madame, vous direz à votre crapule de gamin de s’habiller et de venir à l’école immédiatement. Je l’attends.