Publié : 27 mars 2020

Une visite à l’hôpital

Ènne visite en l’hôpitâ

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 27 mars 2020

Ènne visite en l’hôpitâ

Le diridjou d’ lai faibrique ât coégnu po son métchaint caractére. È dyeule aidé. En l’hôtâ, è file doux ; ç’ât sai fanne que poétche lai tiulatte. De çoli, è ne s’en brague pe. Mains dains l’ujine, ç’ât lu l’ chèf, èt èl le faît è saivoi. Pe de recoégnétchaince, peu d’encoraidg’ment. En çtu que s’ bèye de lai poéne, é s’ contente de dire :« T’airôs poéyu faire meus. » Lai Bébèle, qu’ât graiy’nouse dains l’entreprije dâ dieche-heûte ans èt qu’é encoé coégnu son pére, ne suppoétche pus ci climat. « Le paitron, èl ât fô », qu’èlle dit. « È breuye po tot èt po ran. Èl ïnchulte ses dgens. È m’ djâse c’ment en ènne miedge. Tos les djoués, èl é âtçhe è r’dire. Tchéque maitïn, d’vaint que d’ paitchi â traivaiye, i aî mâ és tripes. » C’étaient les drieres dgealèes aivaint le paitchi-feu. È y aivait d’ lai yaice d’vaint son gairage. Èl é tyissè. Tot d’ cheute, l’ambulance. Ènne tchaimpe de rontu. È s’eurtrove en l’hôpitâ. Èl é eur’ci l’envèllie d’yun d’ ses eûvries. -- Ç’ât dgenti d’ vot’ paît d’étre veni, Félix. I m’ muse que ç’ât â nom de tos vos caim’rades. -- Ô, Chire Diridjou.. Nôs ains tirie en lai beûtchatte çtu que daivait pâre de vos novèlles. Èt peus, ç’ât moi qui aî predju. Notes tirie en lai beûtchatte, tirer au sort ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Une visite à l’hôpital

Le directeur de la fabrique est connu pour son mauvais caractère. Il gueule tout le temps. À la maison, il file doux ; c’est sa femme qui porte la culotte. De cela, il ne se vante pas. À l’usine, en revanche, c’est lui le chef, et il le fait savoir. Aucune reconnaissance, aucun encouragement. À celui qui se donne de la peine, il se contente de lui dire :« Tu aurais pu mieux faire. » Isabelle, qui est secrétaire dans l’entreprise depuis dix-huit ans et qui a encore connu son père, ne supporte plus cette ambiance. « Le patron est cinglé », dit-elle. « Il braille pour tout et pour rien. Il insulte ses gens. Il me parle comme à une merde. Tous les jours, il a quelque que chose à redire. J’ai chaque matin la boule au ventre avant de partir au travail. » C’étaient les dernières gelées avant le printemps. Il y avait du verglas devant son garage. Il a glissé. Aussitôt, l’ambulance, l’hôpital. Une jambe cassée. Il se retrouve à l’hôpital. Il reçoit la visite d’un de ses ouvriers. -- C’est gentil de votre part d’être venu, Félix. Je suppose que c’est au nom de tous vos camarades. -- Oui, Monsieur le Directeur. Nous avons tiré au sort pour savoir qui devait prendre de vos nouvelles. Et c’est moi qui ai perdu. Notes tirie en lai beûtchatte, tirer au sort