Publié : 13 décembre 2019

Les temps du verbe

Les temps di verbe

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 13 décembre 2019

Les temps di verbe

- Adjd’heû, dit l’ régent, nôs v’lans... atchoum ! nôs v’lans révijaie les temps di verbe. - Èl é ènne sacrèe reutche ci maitïn, le régent, dit Le Bianc en son véjïn d’ bainc Le P’tèt Noi. - Coidgietes-vôs, les dous, atchoum ! dit l’ régent que mainque de s’étôffer entre dous tyïntes èt que reprend : Adjd’heû donc, nôs v’lans... atchoum ! nôs v’lans révijaie les temps di verbe. - Voili ç’ que ç’ât d’allaie à lôvre en moto èt d’ rentraie en lai pityatte di djouè. - Vôs èz bïntôt fini, les dous. Atchoum ! Èl étieupe dains son moétchou èt commainde : - Toi, Le Bianc, vai euvri çte f’nétre. - Mains, Maître,on édgeâle â d’vaint-l’heus. - Fais ç’qu’i t’ dis. - Èt peus toi, Le P’tèt Noi, vai r’botaie di bôs dains l’ foénat ! Les temps di verbe. I seus, ç’ât mit’naint. I étôs, ç’ât di péssè. I s’rôs, atchoum ! Las moi ! Çoli n’ pésse pe. Le Bianc èt Le P’tèt Noi se sont r’botès è djâsaie è voix béche. - Vôs v’lèz lai çhioûere en lai fïn ! Ç’ât le drie côp qu’i vôs l’ dis. Vôs èz envie de d’moéraie aiprés l’écôle ? - È m’naice aidé, mains è n’ nôs r’tïnt djemains, çhioûeche Le Bianc. Aiprés l’écôle, èl ât trop preussie d’ sâtaie chu sai moto po allaie r’trovaie sai bionde. Le régent é pris l’ paitchi d’en rire. È reprend sai yeuçon èt son çhioûeche : - Vôs èz r’mairtçhè qu’i m’ seus enreutch’nè. Yé bïn, tiaind qu’i dis : i teuche, ç’ât qué temps ? Le P’tèt Noi yeve lai main : - Ç’ât l’huvie. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
DR-100_1049.mp3
DR-100_1049.mp3

Les temps du verbe

- Aujourd’hui, dit le maître, nous allons... atchoum ! nous allons réviser les temps du verbe. - Il a un sacré rhume le maître ce matin, dit Le Blanc à son voisin de banc Le P’tit Noir. - Silence, les deux, atchoum ! dit le maître qui manque de s’étouffer entre deux quintes et qui reprend : Aujourd’hui donc, nous allons... atchoum ! nous allons réviser les temps du verbe. - Voilà ce que c’est d’aller à la veillée à moto et de rentrer à la pointe du jour. - Vous avez bientôt fini, les deux ? Atchoum ! Il crache dans son mouchoir et ordonne : - Toi, Le Blanc, ouvre cette fenêtre ! - Mais, Maître, on gèle dehors. - Fais ce que je te dis ! - Et toi, Le P’tit Noir, remets du bois dans le fourneau ! Je continue :Les temps du verbe. Je suis, c’est maintenant. J’étais, c’est du passé. Je serai, atchoum ! Décidément, ça ne passe pas. Le Blanc et Le P’tit Noir se sont remis à bavarder à voix basse. - Vous allez la fermer, à la fin ! C’est la dernière foi que je vous le dis. Vous avez envie de rester en retenue ? - Il menace toujours, mais il ne nous colle jamais, murmure Le Blanc. Après l’école, il est trop pressé de sauter sur sa moto pour aller retrouver sa bonne amie. Le maître a pris le parti d’en rire. Il reprend sa leçon et son souffle : - Vous avez remarqué que je me suis enrhumé. Eh bien, quand je dis : je tousse, c’est quel temps ? Le P’tit Noir lève la main : - C’est l’hiver.