Publié : 10 juillet 2019

La grotte des boîtiers

Lai Bâme des Boéties

Didier Gigon

Lai Bâme des Brennetets

Lai Bâme des Boéties

Yue des Côtes di Doubs Cheûdre le tchmïn di viraidge des Brennetets djunqu’en lai fïn, è pe cheûdre le sentie cheuyaint qu’ pésse tot prés d’ lai bâme (n’ pe cheûdre c’tu qu’vait Tchie Bonaparte). Âtre tchmïn : cheûdre da pe Les Djoux-Derrie (Les joux-Derrière), L’Aibbacie (L’Abbaye) è pe Lai Greffiere (La Greffière) po r’trôvaie l’sentie. Ç’ât ïn gros aivri dô ènne lairdge reutche de 40 métres de hâtou. Chu lai drète é y é ènne bâme de 21 métres de lairdgeou, de 17 métres de graintou è de 4,50 métres de hâtou. Ènne couriouse reutchouse aÎrtche boûene lai bâme chu lai gâtche. 12 métres è gâtche d’ lai bâme, aidé en l’aissôte, s’ trôve ènne bâmatte de 15 métre de graintou. Cayeûs, châbion, tiere è ârbue fromant lai paroi d’ lai coucrèchionnè bâme. Ci préhichtoritçhe yûe feût sch’neuqué de 1935 è 1938 pai ci Djean Schnör, aivô quéques aimis, dount Edouard Gruet. Èls aint dénitchi ïn p’tét l’ aître dains lai bâme è 0,40 métre de fondou. Les tch’rous n’y béyènnent dière d’ ïntérèt. D’ nôvèlles étchaivaidges feûnent entreprijes pai lai secchion Pouillerel di Club jurassien dôs l’aittieud des chires Augsburger è Gruet. È n’y eût pe brâment d’ïntéressaints réjustats djunqu’en 1951, daite d’ lai churprije décreuvie di pertchu d’ lai p’téte bâme. C’te drie, quasi tote pieine de tiere è d’ pieres sré vudie de 1952 è 1958. Lai maitiere soûetchi, soingnous’ment ésâminè, réçatait d’ïntéressaints préhichtoritçhes è véyâfoidgiescienchou vèchtidges. Dous chlaîyes sont décreuvis ; l’ raicodgeaire M.-R. Sauter de Dg’nève qu’ les é èsâminé en dit çoli : « Les deux silex examinés ont un aspect et une technique paléolithiques très certainement. Ils pourraient éventuellement être aurignaciens (faciès périgordien). Mais je pencherais plutôt à les faire magdaléniens … ». Des traîces de hâts-l’aîtres sont eur’maîrtçhiè dains l’aivri è dains lai bâme, mains ç’ât encoé lai bâme qu’ béy’ré lai quasi totalitè di véyâfoidgiescienchou maitériâ décreuvi ès Brennetets. Les ïntéressaintes soûetches décreuvies sont : l’oûe des tchaîvienes (craibïn l’ gros brun l’oûe), lai mairmotte è l’ cée « élaphe ». L’ véyâfoidgiescienchou maitériâ ât dépojè â Musèe d’ naiturâ l’hichtoire è Dg’nève. Lai Bâme des Brennetets dait étre coégnu dâ grant poqu’qu’èlle s’euvre â long d’ïn tchmïn qu’ feût brâment utiyisè âtrefois dâli qu’ les côtes di Doubs aivïnt d’ nïmbrouses ïnduchtries (m’lïns, foèrdges, varr’ries). Èlle ât graiy’nè chu ïn véya pian di haîmé di Bardot âdjd’heu décombrè. Robert (1931) qu’eurprodujé ci pian, l’ daîte d’ l’ècmenc’ment di 19e siecle, mains è nôs pairât pus véye. Lai Bâme des Boéties ât âichbïn coégnu po ses « byeûs yündis » tiaind que d’ rèchpèctabyies l’ôvries qu’étïnt les boéties de dains l’temps, déchendïnt pai côps l’ dûemoine tchu les riçhattes di Doubs po y faire lai brïndyie. L’ soi è r’grïmpïnt pénibyement le tchmïn d’ lai vèlle, mains l’ sô è les échtilitçhes brussous les raittraipïnt bïn svent dôs l’ poértche d’ l’aivri laivous qu’ès péssïnt lai neût. Traduction tirée d’un livre des grottes neuchâteloises. Véyâfoidgiescienchou = paléolitique, mot quasi imprononçable en patois trouvé chez J.-M. Moine La Tchâ de Fonds, le 03 janvier 2019 Didier Gigon

La grotte des boîtiers

Les Côtes du Doubs recèlent de nombreux abris sous roche et grottes, typiques des milieux karstiques. De Tout temps les hommes et les animaux en ont profité pour s’abriter. Au-dessous de La Chaux-de-Fonds la grotte des boîtiers a son histoire et ses histoires. Il s’agit d’un vaste abri sous roche, large de 40 mètres, haut d’une quinzaine de mètres en son maximum. La partie droite de l’abri forme une grotte 21 m de hauteur et 17 m de longueur, haute de 4.5o m à 1 mètre : une curieuse arche rocheuse limite vers la gauche. A 12 m à gauche de celle-ci, toujours dans l’abri, s’ouvre une autre grotte, de 15 m de longueur. On trouve des cailloutis, du sable, de la terre et de l’argile, La paroi est concrétionnée. Des fouilles menées de 1935 à 1938 ont permis de déterminer qu’il s’agit d’un site préhistorique. En effet Jean Schnör et plusieurs amis -dont Édouard Gruet- ont découvert un petit foyer dans la grotte, a 40 centimètres de profondeur, foyer auquel les chercheurs n’attachèrent cependant que peu d’importance. Dès 1950 de nouvelles fouilles ont été entreprises par le Club jurassien, section Pouillerel, sous l’impulsion de MM.Augsburger et Gruet. On obtint que peu de résultats intéressants jusqu’en 1951, année de la découverte fortuite de l’orifice de la petite grotte. Presqu’entièrement comblée, cette dernière a été vidée de 1952 à 1958. Des silex paléolithiques. Le matériel extrait, soigneusement examiné, recèle d’intéressants vestiges préhistoriques et paléontologiques. Deux silex sont découverts : le professeur Marc-Rodolphe Sauter (1914-1983) de l’Université de Genève les a examinés, il en dit ceci : » les deux silex examinés ont un aspect et une technique paléolithique très certainement. Ils pourraient éventuellement être aurignaciens (faciès périgordien) mais je pencherais plutôt à les faire magdaléniens…) Des traces de foyer sont observées dans l’abri et dans la grotte, mais c’est encore la grotte qui livrera la quasi-totalité du matériel paléontologique mis à jour aux Brenetets. Les espèces intéressantes découvertes dans les couches les plus anciennes sont l’ours des cavernes (éventuellement ours brun de forte taille, l’ours brun, la marmotte et le cerf élaphe. Le matériel paléontologique est déposé au Museum d’histoire naturelle de Genève. Sur une ancienne voie menant au Doubs La baume des Brenetets doit être connue depuis fort longtemps car elle s’ouvre en bordure d’un chemin qui fut très fréquenté autrefois, alors que les rives du Doubs abritaient de nombreuses industries (moulins, forge, verrerie). Elle est mentionnée en tant que « vuide sous la roche » sur un ancien plan de du Bardot, hameau aujourd’hui disparu. Robert (1931), qui reproduisit ce plan le date du début du 19e siècle, mais il nous paraît plus ancien.

Le lundi bleu des boîtiers

La cavité est également connue sous le nom de grotte ou baume des boîtiers. Cette appellation fait référence aux fameux « lundis bleus » des artisans respectés qu’étaient les boîtiers d’autrefois. On raconte que ces messieurs, dont la fantaisie et l’insouciance étaient proverbiales, descendaient parfois le dimanche sur les rives du Doubs pour y fêter Bacchus. Le soir, péniblement, ils reprennent le chemin de la ville, mais la fatigue et les vapeurs éthyliques les surprenaient souvent sous le porche de l’abri ; ils y passaient alors la nuit. Didier Gigon