Publié dans le Quotidien Jurassien le 11 mai 2018
Particularités grammaticales
En patois, la formation du passé composé est sensiblement la même qu’en français. I aî maindgie des pommattes. J’ai mangé des pommes de terre. Èl ât tchoé dains lai r’viere. Il est tombé dans la rivière. Observons cependant un cas particulier illustré par les exemples suivants : Nôs sons t’aivu dedains lai dyère / È y é fayu se baittre. Nous sommes allés à la guerre, il a fallu se battre. (Mam’zelle Suzon, vieille chanson qui évoque le service mercenaire.) I seus t’aivu malaite. J’ai été malade. Le passé composé du verbe être se forme avec le verbe être conjugué suivi du participe passé du verbe avoir. Ainsi : I seus t’aivu, t’és aivu, él ât aivu . J’ai été, tu as été, il a été. Littéralement : Je suis eu. Remarquons que l’allemand dit : Ich bin gewesen, littéralement : je suis été.
Certains noms masculins en français sont féminins en patois : ènne lievre, un lièvre
; ènne reûche, un rhume
; ènne raippe, un centime.
È veut pieuvre. Il va pleuvoir. Dans le futur immédiat, le français a recours à l’auxiliaire aller, tandis que le patois utilise l’auxiliaire vouloir (il veut pleuvoir.) Cette forme s’est maintenue dans le français régional.
Ci Djosèt m’é dit ... ou bien Le Djosèt m’é dit ...Joseph m’a dit. En patois, le prénom est systématiquement précédé d’un déterminant. Le pronom possessif s’applique volontiers aux membres de la famille : Not’ Djosèt, not’ Mairie. Notre Joseph, notre Marie. Une rengaine (ènne snieule) revenait souvent dans les veillées d’antan : Not’ Djosèt n’é pus d’ tchaipé, tiolalaouti, tiolalaouti, è n’é pus qu’ïn véye tchô-raive, toilalaouti, la hé
! Notre Joseph n’a plus de chapeau, il n’a plus qu’un vieux chou-râve.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis