Publié : 12 septembre 2017

L’école

L’ écôle

Jean-Marie Moine, Arc Hebdo septembre 2017

L’ écôle

C’ment qu’ i seus t’aivu en l’écôle di temps d’ pus d’ soichante ans [primére écôle, moyïnne écôle, réjent, eunivèrchitè, proufèchou (mon Dûe, voili ïn mot qu’ i n’ ainme pe !)], i m’ pèr-mâs âdj’d’heû d’ vôs djâsaie d’ l’ écôle qu’ les feuyes aint brâment djâsé ces d’ries temps. È pairât qu’ l’ école vait mâ… L’ écôle, voili ènne tote bèlle ïnchtituchion. Ci Victor Hugo l’ai-vait bïn dit : « Eûvietes ènne écôle, vôs çhioûerèz ènne prijon ». Poétchaint, âdjd’heû, ch’ an en crait les meudias, l’ écôle ne vait p’ bïn. Personnâment, çoli n’ m’ ébâbât p’. Voichi poquoi. En premie, poi djaloujie, an ont aitiujie les raicodjous d’ peûris : « Lu, è raicodje, è n’ traivaiye pe ! » Aiprés çoli, sont v’ni des quasmedire pédaigodyes, s’néscienchous, pus préotiupè poi yôte eur’nannmèe qu’ poi les ïntailuâs pôchibyetès des afaints. Po les maths, ç’ feut les moudrannes mathémâtiques de trichte mémoûere ! De pus, mains niun n’ é oûejè l’ dire, çoli rontait ïn ïmpoétchaint éch’colére yïn entre pairents pe afaints. Bïn des pairents en aint portchaiyie po aibaind’naie yôte réchponchâbyitè en tot ç’que toutche en l’ ïnchtrucchion d’ yôs afaints. In pô pus taîd des tchaindg’ments d’ lai sochietè qu’ lai mâs-sainne évoyuchion é dérâbyè le seinche meinme d’ lai faimille, aint poétchè ïn faîtâ l’ atout en brâment de poûe-res l’afaints que n’ y’ étïnt po ran, mains qu’ en sont r’soûetchi vitçhtïnmes de mâlhèy’roujes chituâchions. Trop d’ afaints feunent yivrès en yôs-meinmes. Ès n’ trovainnent pus tchie yôs pairents ç’t’ aibaingnâ faimiyâ lôvre-fô âqué èls aivïnt drèt… ! Brâment d’ pairents eunent pus d’ tieûsain po yôs sôs, po yôs yeûjis po yôte bïn-étre, po yôs viaidges qu’ ébâbirïnt yôs preutches…, que po yôs afaints : « Nôte Djeain, ç’ n’ ât p’ le mïn, qu’ son pére s’en otiu-peuche… ! » Trichte soûe po ci p’tét Djeain pe po ses nïmbrous caim’râdes. Mains, nôs n’ sont p’ â bout ! Voili qu’ l’ iconnanmie, lai scienche nôs aippoétche sai raimôle po totes soûetches de nanvâtès : poétchâbyes, éyètroniques djûes, etc. Ïn côp d’ pus, ces poûeres l’ afaints sont vitçhtïnmes d’ lai moudranne sochietè. « Scienche sains couchieinche n’ ât qu’ rûene de l’ aîme » diait ci Rabelais. Tot l’ monde é r’tchaimpè l’ aiyeutche des afaints chus ces poûeres réjents… ! Pe mit’naint, les raicodjaires sont vitçhtïnmes d’ aimètte. Di temps d’ çoli, les grôs caintonâs réchpochâbyes d’ lai pubyique l’ ïnchtrucchion aint s’gneûlè ïnsôlâment qu’ èls aivïnt fait yôte traivaiye, yôte d’voit ! J-M. Moine

L’école

Comme j’ai fréquenté l’école pendant plus de soixante ans [école primaire, école moyenne, instituteur, université, professeur (mon Dieu, voilà un mot que je n’aime pas !)], je me permets aujourd’hui de vous parler de l’école dont les journaux ont abondamment parlé ces derniers temps. Il paraît que l’école va mal… L’école, voilà une belle institution. Victor Hugo l’avait bien dit : « Ouvrez une école, vous fermerez une prison ». Pourtant, aujourd’hui, si l’on en croit les médias, l’école ne va pas bien. Personnellement, cela ne m’étonne pas. Voici pourquoi. Premièrement, par jalousie, on a accusé les étudiants de paresseux : « Lui, il étudie, il ne travaille pas ! » Après cela, sont arrivés des soi-disant pédagogues, psychologues, plus préoccupés par leur renommée que par les possibilités intellectuelles des enfants. Pour les maths, ce fut les mathématiques modernes de triste mémoire ! De plus, mais personne n’a osé le dire, cela coupait un important lien scolaire entre parents et enfants. Bien des parents en ont profité pour abandonner leur responsabilité en tout ce qui touche à l’instruction de leurs enfants. Un peu plus tard, des changements de la société dont la malsaine évolution a détruit le sens même de la famille, ont porté un coup fatal à de nombreux pauvres enfants qui n’y étaient pour rien mais qui en sont ressortis victimes de malheureuses situations. Trop d’enfants furent livrés à eux-mêmes. Ils ne trouvèrent plus chez leurs parents ce nécessaire garde-fou familial auquel ils avaient droit… ! Beaucoup de parents eurent plus de souci pour leurs sous, leurs loisirs et leur bien-être, pour leurs voyages qui ébahiraient leurs proches…, que pour leurs enfants : « Notre Jean, ce n’est pas le mien, que son père s’en occupe… ! » Triste sort pour ce petit Jean et pour ses nombreux camarades. Mais nous ne sommes pas au bout ! Voilà que l’économie, la science nous apporte sa publicité pour toutes sortes de nouveautés : portables, jeux électroniques, etc. Une fois de plus, ces pauvres enfants sont victimes de la société moderne. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait Rabelais. Tout le monde a rejeté l’éducation des enfants sur ces pauvres régents… ! Et main-tenant, les instituteurs sont victimes de burn-out (Quel horrible mot anglais qui n’a pas d’équivalent français [en tout cas dans mes dictionnaires], mais que j’ai traduit en patois, par aimètte, mètte étant bien connu des patoisants, et signifiant mou, sans vigueur !). Pendant ce temps, les grands responsables de l’instruction publique ont rabâché insolemment qu’ils avaient fait leur travail, leur devoir ! J-M. Moine