Publié dans le Quotidien Jurassien le 4 août 2017
T’ni son rang
Le diridjou d’ lai banque ât chtrèngue. È n’ graichoiye pe è prepos d’ lai véture. «
Biantche tchemije èt graivatte, po cés des diaitchats. D’ lai t’nue s’è vôs piâit. I n’ peus p’ aicceptaie di léchi-allaie. Defeu, cheurvoiyietes vot’ condute èt vot’ djâsaidge. Èl y vai d’ l’hannou d’lai mâjon.
»
Èl é, dains ses dgens, Zidore, ïn r’nayou . Èl l’é rôtè di diaitchat po l’ botaie és airtchives, dains ènne tchaimbre de tiaive sains f’nétre. Li â moins è n’ richque pe d’ se faire eurmartçhaie.
Tiu ç’ât que n’ coégnât p’ le Zidore
? Dains les fétes, è tchainte, è djue d’ l’ harmonica, è raiconte des loûenes, è fait l’ fô.
Son diridjou n’aipprécie dyère, lu que, poétchaint, ât loin d’ bèyie l’ bon exempye. È cairèsse lai botoille èt boit c’ment ïn ptchu. Dains sai maij’natte ch’ les riv’s di Doubs, laivou qu’è s’ eur’trove d’aivô des aimis, è s’abaindeune, è treûye è n’ pus poéyai se t’ni chu ses tchaimpes. Cobïn d’ côps èl é rôlè dôs lai tâle, fïne chique, que ses aimis aint daivu l’ poétchaie chu son yét.
Nôs sons â Grütli, â soi di premie d’ôt. «
Yè, Zidore, s’ te nôs f’sais ïn p’tèt dichcoué
!
» Mon Zidore ne s’ le fait p’ dire dous côps. È graipine ch’ lai tâle, ïn voirre en lai main. «
Chérs compaitriotes
!
»
Lai scéne ât v’ni és aroiyes di chef. Le djoué d’aiprés, è convoque le Zidore â bureau.
«
I aî aippris, qu’è yi dit, que yie â soi, â Grütli, vôs s’ètes mâ compoétchè.
»
Réponje di Zidore : «
Craites-me, chire diridgeou, : È vât meu montaie ch’ lai tâle que d’ rôlaie dôs lai tâle.
»
Note
ïn r’nayou, un rebelle
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Tenir son rang
Le directeur de la banque est sévère. Il ne badine pas sur la question vestimentaire. «
Chemise blanche et cravate pour les préposés au guichet. De la tenue, je vous prie. Je ne tolère pas le laisser-aller. A l’extérieur aussi, surveillez votre conduite et votre langage. Il y va de l’honneur de la maison.
»
Il compte, dans son peronnel, Zidore, un employé rebelle. Il l’a retiré du guichet pour le mettre aux archives, dans un local en sous-sol sans fenêtre. Là, au moins, il ne risque pas de se faire remarquer.
Qui ne connaît pas Zidore
? Dans les fêtes, il chante, il joue d l’accordéon, il raconte des blagues, il fait le pitre.
Son directeur n’apprécie guère, lui qui, pourtant est loin de donner le bon exemple. Il a un penchant pour la bouteille et boit comme un trou. Dans son cabanon des bords du Doubs où il se retrouve avec des amis, il s’abandonne à la boisson et s’enivre à ne plus se tenir debout. Que de fois il a roulé sous la table, ivre au point que ses amis ont dû le porter sur son lit.
Nous sommes au Grütli, un soir de premier août. «
Dis, Zidore, si tu nous faisais un petit discours
!
» Zidore ne se fait pas prier. Il grimpe sur la table, le verre en main. «
Chers compatriotes
!
»
Le lendemain, son chef, au courant de la scène, le convoque dans son bureau. «
J’ai appris, lui dit-il, que hier soir, au Grütli, vous avez eu une attitude indigne.
»
Réponse de Zidore : «
Croyez-moi, Monsieur le directeur, il vaut mieux monter sur la table que de rouler sous la table.
»
Note
ïn r’nayou, un rebelle
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