Publié : 8 juillet 2016

Plus de peur que de mal

Pus d’pavou que d’ mâ

Bernard Chapuis

Paru dans le Quotidien Jurassien du 8 juillet 2016

Pus d’pavou que d’ mâ

Dains les gros maigaisïns, ès béchant le prix des produts d’ïn p’tèt sô po faire è craire qu’ès sont bon mairtchie. « Daivaises, lai bairtçhatte, sept francs nonante-cïntye. Tomates, le kilo, trâs francs nonante-cïntye. » Qu’ât-ce que vôs vlèz faire des ptèts sôs que vôs r’venyant èt que prenyant d’ lai piaice dains vot’ boéchatte ? Vôs peutes aidé les bèyie en lai quête di dûemoène, ou bïn en ïn pètlou ch’ les égraîes di môtie. Lai Berta les voidgeait dains ïn bocâ è confreture. Ïn djouè qu’è pieuvait, les afaints que n’ poéyïnt p’ djûere â dvaint l’heus, s’ennuyïnt. Èt peus, tiaind qu’les afaints trovant l’ temps grant, ès faint des airtçhelons. Lai Bertha yôs preposé : - Vôs poérrïns djûere â maîrtchie. Toi, Véro, te srôs lai maîrtchainde, èt peus les âtres les aitch’tous. Tenis, les sôs qu’i voidge dains ci voirre, ç’ât po vôs. Tot d’ïn côp : « Moman, Moman ! È y é le p’tèt Fédo qu’é aivailè ïn sô ! » Ailaîrme mon Dûe ! Lai mére, ne ènne ne dous, èlle prend son nitiou dôs le brais, le tchaimpe dains lai dyïmbarde et role è tote chique ès urgences. C’était ïn véye dottoè que fsait ïn rempiaic’ment. Èl en aivait vu d’âtres. - I aî pavou di pé, Dottoé Mon Dûe, ci p’tèt qu’é aivailè ènne piece d’ïn sô. - N’vôs en faites pe, mai boénne daime. I coégnâs des dgens hât piaicies qu’aint aivailè des foûetchunes, èt peus que sont touedge en vie. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Plus de peur que de mal

Dans les grands magasins, on baisse d’un petit sou le prix des produits pour faire croire qu’ils sont bon marché. « Myrtilles, la barquette, sept francs nonante-cinq. Tomates, le kilo, trois francs nonante-cinq. » Que ferez-vous des petits sous qui vous reviennent et qui encombrent votre bourse ? Vous pouvez toujours les donner à la quête du dimanche ou à un mendiant sur les marches de l’église. Berthe les gardait dans un bocal à confiture. Un jour qu’il pleuvait, les enfants qui ne pouvaient pas jouer dehors s’ennuyaient. Quand les enfants trouvent le temps long, ils font des bêtises. Berthe leur proposa : -- Vous pourriez jouer jouer au marché. Toi, Véronique, tu serais la marchande, et les autres les acheteurs. Tenez, les sous que je conserve dans ce verre, c’est pour vous. Soudain : « Maman, Maman ! Le petit Alfred a avalé un sou ! » Mon Dieu ! Sans hésiter, la mère prend son gamin sous le bras, le flanque dans la voiture et roule à vive allure aux urgences. Un docteur d’un certain âge effectuait un remplacement. Il en avait vu d’autres. -- Je crains le pire, Docteur. Mon petit a avalé une pièce d’un sou. -- Ne vous en faites pas, ma bonne dame. Je connais des gens haut placéss qui ont avalé des fortunes et qui sont toujours en vie. ---- La chronique patoise du QJ en direct :