Paru dans le Quotidien Jurassien du 17 juin 2016
Tchie l’aiivijou po coupye
Chez le conseiller conjugal
{Aiprés tyïnze ans de mairiage, entre l’Albert èt sai fanne, çoli n’ vait pus. «
Ç’ât aidé pé, dit lai Lison. È n’ s’ïntéresse pus és afaints. È n’ s’ïntéresse pus en moi. Djemais ènne aimiâl’rie, djemains ènne dgeôlieince. Les bocats, an n’en djâse pus.
»
Dvaint que d’ divorchaie, èls aint décidè d’ conchultaie ïn aivijou. Ç’ât ïn hanne qu’eursoude les coupyes, que rèvoéte ç’ que n’ vait pe èt qu’amoène l’hanne èt lai fanne è r’trovaie le bon ensangne.
Lai fanne se yaince dains ïn grant dichcoué èt veude son sait : «
È ne m’ainme pus, è me léche, è n’ m’embraisse pus, i en ai prou, i m’ sens aibaindnèe. Dites-yi âtçhe.!
»
L’aivijou sait écoutaie. Ç’ât son métie. Çtu-ci ât po lai foûetche mainiere. È bèye lai pairole â mairi. L’Albert n’é ran é dire. «
È n’sie ran d’ djâsaie, que dit l’aivijou. È fât môtraie. Ran d’ meu qu’ l’exempye.
» È s’yeuve, s’aippreutche d’ lai fanne, lai sarre contre lu èt peus lai chmoutse taint qu’è peut.
- Voili ç’ qu’è manque en vot’ fanne. Vôs voites cment qu’èlle ât hèy’rouse, cment qu’ çoli yi piaît. Ç’ât ç’ qu’è yi fât tchéque djoué. Vôs m’èz bïn compris, tchéque djoué.
Le mairi, aprés ïn temps d’ musatte :quelques instants de réflexion :
- I peus vôs l’aimoénaie tote lai snianne, mains pe l’ djuedi, i djûe ès câtches.}
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Chez le conseiller conjugal
Après quinze ans de mariage, entre Albert et sa femme, cela ne va plus. «
C’est toujours pire, dit Lison. Il ne s’intéresse plus aux enfants. Il ne s’intéresse plus à moi. Jamais une caresse, jamais une gentillesse. Les fleurs, il faut oublier.
»
Avant de divorcer, ils ont décidé de consulter un conseiller. C’est un homme qui ressoude les couples, qui examine ce qui cloche et qui ramène l’homme et la femme sur un terrain d’entente.
La femme se lance dans un flot de paroles et vide son sac : «
Il ne m’aime plus, il me délaisse, il ne m’embrasse plus, j’en ai assez, je me sens abandonnée. Dites-lui quelque chose
!
»
Le conseiller sait écouter. C’est son métier. Celui-ci est pour la manière forte. Il donne la parole au mari. Albert n’a rien à dire. «
Il ne sert à rien d’ergoter, dit le conseiller. Il faut montrer. Rien ne vaut l’exemple.
» Il se lève, s’approche de la femme, la serre contre lui et la couvre de baisers.
-- Voilà ce qui manque à votre femme. Vous voyez comme elle est contente, comme elle apprécie. C’est ce $1’il lui faut chaque jour. Vous m’avez bien compris, chaque jour.
Le mari, après quelques instants de réflexion :
-- Je peux vous l’amener toute la semaine, mais pas le jeudi, je joue aux cartes.
La chronique patoise du
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