Paru dans le Quotidien Jurassien du 22 avril 2016
Ènne hichtoire de coûenes
{Dvijatte :
- Quél animâ é des coûenes, mains è n’ le sait pe
?
- Lai tchievre
!
- Aippreutche-te d’ lai mïnne, vïns pie l’airgueuss’naie, t’ veus voûere s’èlle ne sait pe qu’èlle é des coûenes. Nian
! L’animâ qu’é des coûenes èt que n’ le sait pe, ç’ât l’ Amédée, le moyou compain di Fédo. Ès vétyant quasi dôs l’meinme toèt
; çoli fait è djâsaie.
Ïn djoué, â cabairèt, ès étïnt dous trâs que pailïnt des cocus, ès f’sïnt lai lichte : çtu-ci, çtu-li, ïn tâ, ïn âtre. Ès riyïnt cment des bossus, safe l’Amédée qu’ât coégnu po dsâjaie â bout èt que n’ mejure pe ses pairoles. Tot d’ïn côp, è breuye : «
Moi, i n’ me lécherais p’ faire. Cés qu’ vôs dites, ç’ n’ât p’ des hannes. Ès n’aint ran dains lai tiulatte. An dairait les nayie cment les p’tèts tchaits.
»
- Dis vouere, qu’yi fait l’ Fédo, te n’ crais pe qu’ è s’rait grant temps qu’ t’aipprenieuche è nadgie
?
Çoli n’ sentait p’ bon. L’Amédée ât v’ni bianc cment ïn draip. Èl é eurtrossè ses maintches. È vlait fotre ènne râclèe â Fédo.
Le régent, qu’ât po l’apaîj’ment, s’ât botè entre les dous :
- N’ vôs en faites pe, Amédée, vôs n’êtes ne l’ premie ne le drie. È y é meinme ènne tchainson li-dechus. Le Fédo en vât bïn ïn âtre. En pus, ç’ât po vôs ïn aimi d’afaince. Des ménaidges è trâs, è y en é pus qu’ vôs n’ sairïns croire.}
Notes
{dsâjaie â bout}, parler à la légère
----
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Une histoire de cornes
Devinette :
-- Quel animal a des cornes, mais ne le sait pas
?
-- La chèvre
!
-- Approche-toi de la mienne, viens donc la provoquer, tu verras si elle ne sait pas qu’elle a des cornes. Non
! L’animal qui a des cornes et qui ne le sait pas, c’est Amédée, le meilleur ami d’Alfred. Ils vivent pratiquement sous le même toit
; cela fait jaser.
Un jour, au café, ils étaient quelques-uns à parler des cocus, ils en dressaient la liste : celui-ci, celui-là, un tel, un autre. Ils riaient comme des bossus, sauf Amédée qui est connu pour parler à la légère sans mesurer la portée de ses propos. Soudain, il crie : «
Moi, je ne me laisserais pas faire. Ceux que vous citez, ce ne sont pas des hommes. Ils n’ont rien dans la culotte. On devrait les noyer comme les petits chats.
»
-- Dis donc, lui rétorque son copain Alfred, tu ne crois pas qu’il serait grand temps pour toi d’apprendre à nager
?
L’affaire allait dégénérer. Amédée est devenu blanc comme un linge. Il a retroussé ses manches. Il voulait flanquer une râclée à Alfred.
L’instituteur, un homme de paix, s’est interposé :
-- Ne vous en faites pas, Amédée, vous n’êtes ni le premier ni le dernier. On a même écrit une chanson sur le sujet. Alfred en vaut bien un autre. De plus, c’est votre ami d’enfance. Des ménages à trois, il y en a plus que vous croyez.
Voir
Le duc de Bordeaux
Il s’agit d’une chanson très ancienne qui a grandi et s’est développée au fil des ans
!
Extrait :
{Le duc de Chevreuse ayant déclaré
Que tous les cocus devraient être noyés,
Madame de Chevreuse lui a demandé
S’il était certain de savoir bien nager.}
La chronique patoise du
QJ en direct :