Paru dans
LQJ, le 8 avril 2016
Lai neuve boniche
Çte Lucie ainme les tchaits èt les tchaits l’ainmant bïn. An l’aippele "lai Mére és tchaits". Èlle en é des tot biancs, des tot nois, des gris, des fâves, des rossats, des p’tèts, des grôs. Èlle en é dains l’ poiye, dains lai tieujènne, dains l’allou, dans l’ dieûgnie, chu son yét. L’Oulri, son hanne, ne dit pus ran. Èl é compris qu’ çoli n’ servait è ran. «
Poéche que t’ainmes meus tes tchaits qu’ ton hanne, te dremirés tot d’ pai toi d’aivô tes matous. Moi, i veus coutchi dains lai tchaimbre des aimis qu’ât quasi aidé veude.
» Çoli fait ènne paire d’annèes qu’ès n’ dremant pus ensoènne.
Lai Lucie n’ât p’ è piaindre. Cment taiboéyon, l’Oulri dyaingne gros. È peut euffri ènne diaîchatte en sai fanne. Lai drie qu’èls aint aivu ât entrèe è Méjirez, és Çlégies. Lai Lucie, qu’é les côtes en long, ne poéyait p’ demoéraie sains diaîchatte. Èlle é botè ènne ainnonce ch’ lai feuille. È s’ât présentè ènne dgeintiye baichatte, que vïnt d’ènne fèrme di Çhô di Doubs.
- Vôs v’lèz vôs piaire ci. È n’y é p’ brament de traivaiye. Nôs n’ sons qu’ dous, mon hanne èt peus moi. Lu ât bïn svent feu. Vôs s’rèz neurrie, èt peus vôs airèz des bons diaîdges. È peurpos, vôs ainmèz les tchaits
?
- Oh, vôs saîtes, Daime, i seus d’ lai campaigne, i seus aigiere è aissôvi, i maindge de tot.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
La nouvelle bonne
Lucie aime les chats et les chats l’aiment bien. On l’appelle «
la Mère aux chats
». Elle en a des tout blancs, des tout noirs, des gris, des fauves, des roux, des petits, des gros. Elle en a dans le salon, dans la cuisine, dans le corridor, dans le galetas, sur son lit. Ulrich, son mari, ne dit plus rien. Il a compris que cela ne servait à rien. «
Puisque que tu aimes les chats plus que ton mari, tu dormiras toute seule avec tes matous. Moi, je vais me coucher dans la chambre d’amis qui est pratiquement inutilisée.
» Ainsi, cela fait plusieurs années qu’ils ne dorment plus ensemble.
Lucie n’est pas à plaindre. Comme notaire, Ulrich réalise de gros bénéfices. Il peut offrir une servante à son épouse. La dernière à leur service a été admise à Miserez, à la Résidence des Cerisiers. Lucie répugne au travail. Elle ne pouvait donc rester sans servante. Elle a fait paraître une annonce sur le journal. Une charmante jeune fille s’est présentée. Elle vient d’une ferme du Clos du Doubs.
-- Vous vous plairez ici. Il n’y a pas beaucoup de travail. Nous ne sommes que deux, mon mari et moi. Il est souvent absent. Vous serez nourrie et vous aurez un bon salaire. A propos, vous aimez les chats
?
-- Oh, vous savez, Madame, je suis de la campagne, je suis facile à satisfaire, je mange de tout.
La chronique patoise du
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