Publié : 16 mai 2015

Il finit par trouver le temps long

È finit poi trovaie l’temps grant

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 15 mai 2015

È finit poi trovaie l’temps grant

Maitchïn condut sai fanne è Lai Tchâ-d’Fonds. « I en ai po tote lai vâprèe, qu’èlle yi dit.Te v’rés me r’pâre és cïntçhe "És quaitre séjons". Maitchïn, ç’ât ïn hanne de réfiaince, yun d’cés qu’an peut comptaie d’chus, djemais en r’taid. És cïntçhe, èl entre â cabairet dés "Quaitre séjons". Lai fanne n’ât p’encoé li. « Çoli n’fait ran, qu’è s’dit. I veus boire ènne biere en l’aittendaint. » Les menetes péssant. Lai fanne n’airrive pe. Maitchïn yét lai feuille, eurcommande ènne doûjieme biere. Lai d’mée des chés, pe d’fanne. Maitchïn d’mainde ènne trâjieme biere. È fait les mots crougies d’lai feuille. Çoli bèye soi. « Chire, encoé ènne biere, s’è vôs piait. » Les chés. Lai d’mée des sept. Èl aicmence de trovaie l’temps grant. Qu’ât-ce qu’èlle peut bïn faire en ces hoûeres ? Quaitre bieres de cheute, çoli tchairdge. Maitchïn é fâte de s’vudie. Tiaind qu’è rvïnt di cab’nèt, è y é ènne cïntyieme bière chus sai tâle. - Mains, qu’è fait â somm’lie, i n’ai ran d’maindè. I en ai dje aivu quaitre. - Çât ènne daime que m’é dit d’vôs l’aippoétchaie. Èlle revïnt tot comptant. Èlle en é po quéques menetes. Maitchïn révije tos cés cabas chus ènne sèlle : - Mai fanne. Ç’ât bïn d’lai Louijatte. Yé bïn, èlle pâré l’volant. I n’serôs condure aiprés totes ces bieres. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Il finit par trouver le temps long

Martin conduit sa femme à La Chaux-de-Fonds. « J’en ai pour tout l’après-midi », lui dit-elle. « Tu viendras me reprendre à cinq heures « Aux quatre saisons ». Martin est un homme de confiance sur qui on peut compter, il n’est jamais en retard. A cinq heures, il entre au café. Sa femme n’est pas encore là. « Cela ne fait rien, se dit-il. Je boirai une bière en l’attendant. Les minutes passent. Sa femme n’arrive pas. Martin lit le journal, commande une deuxième bière. Cinq heures et demie, pas de femme. Martin demande une troisième bière. Il fait les mots croisés du journal. Cela donne soif. « Garçon, encore une bière, s’il vous plaît. » Six heures, six heures et demie. Il commence par trouver le temps long. Qu’est-ce qu’elle peut bien faire à ces heures ? Quatre bières de suite, cela charge. Martin a besoin de se vider. Quand il revient des toilettes, il y a une cinquième bière sur sa table. -- Mais, dit-il au serveur, je n’ai rien demandé. J’en ai déjà eu quatre. -- C’est une dame qui m’a dit de vous l’apporter. Elle revient tout de suite. Elle en a pour quelques minutes. Martin regarde tous ces cabas sur une chaise : -- Ma femme. C’est bien de la Louisette. Eh bien, elle prendra le volant. Je ne peux pas conduire avec toutes ces bières. ---- La chronique patoise du QJ en direct :