Publié : 27 février 2015

Prière du soir

Prayiere di soi

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 27 février 2015

Prayiere di soi

- Boûeba, è t’fât chiôçhaie çte vimaidge èt peus allaie â yét. - I veus voûere lai fin. - T’és ouyi, nitiou. I n’veus p’t’le dire dous côps. - Tiaind qu’i s’rôs prât, te v’rais m’yére ènne fôle. Ç’ât tos les sois lai meinme snieule. Sitèe chu le ran di p’tèt yét, lai mére aicmence : « È y aivait ènne fois, ènne bèlle prïncesse ... » - Nian, pe çtée-li. Te m’l’és dj’ raicontèe. - Laiquélle, adonc ? Lai fôle di roudge cretchat ? Les trâs tchievres. Lés chés dgenâtches d’lai s’nainne ? Lai tainte Airie ? Aiprés lai fôle, è n’fât p’ rébiaie lai prayiere, Pater, ave èt gloria, eurméchiaie po lai djouénèe, dmaindaie poidgeon po les p’ètes fâtes. - Bon ! Mitnaint, çhioûes tés l’oeûyes èt peus doue ! Moi, i aî di traivaiye. - Atteinds. Encoé ènne petète prayiere. Ç’ât moi qu’l’aî inventèe : « Dou Djésus, protédge mon pére, mai mére, protédge mon grant-pére, mai grant-mére, mai tainte Ailice, mon onçha Tamon, mon ptét frérat Bregnaîd, mai soeuratte Léontine. Èt peus, chutot, prends bïn tieusain d’toi, poéche que, s’è t’airrivait âtçhe, voili qu’nôs s’rïns bés. » ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Prière du soir

- Bonhomme, il faut éteindre la télévision et aller au lit. - Je veux voir la fin. - Tu as entendu, gamin. Je ne vais le répéter. - Quand je serai prêt, tu viendras me lire une histoire. C’est tous les soirs la même rengaine. Assise sur le bord du petit lit, la maman commence : « Il y avait une fois, une belle princesse ... » - Non, pas celle-là. Tu me l’as déjà racontée. ? - Laquelle, alors ? L’histoire du crochet rouge ? Les trois chèvres. Les six sorcières de la semaine ? La fée Arie ? Après l’histoire, il ne faut pas oublier la prière, Notre Père, Je vous salue et Gloire au Père. Remercier pour la journée, demander pardon pour les petites fautes commises. - Bon ! Maintenant, ferme tes yeux et dors ! Moi, j’ai du travail. - Attends. Encore une petite prière, c’est moi qui l’ai inventée : “Doux Jésus, protège mon père, ma mère, protège mon grand-père, ma grand-mère, ma tante Alice, mon oncle Raymond, mon petit frère Bernard, ma petite soeur Léontine. Et puis, surtout, prends bien soin de toi, parce que, s’il t’arrivait quelque chose, nous serions beaux. » ---- La chronique patoise du QJ en direct :