Publié : 23 janvier 2015

Vœux

Entçhvâs

Jean-Marie Moine

Paru dans Arc Hebdo, janvier 2015

Entçhvâs

Djanvie ât l’ mois des entçhvâs. D’ aivége, ç’ ât l’ premie d’ l’ an qu’ les dgens s’ diant « bondjoué â Bon-An ! » Aiprés çoli, tot y pésse ïn pô : ènne bionde po les véyes boûebes, ïn hanne po les véyes baîchattes, … meinme, bïn ch’vent, lai foûetchune. An entçhvât en ces qu’ aint l’ djûe dains l’ saing, d’ tirie l’ grôs lô, en cés qu’ sont aidé chus les quaite tch’mïns ïn vâlmont d’ regu’naidges … Pe craibïn qu’airrive enfïn lai saintè, l’ faimiyâ bonhèye, âtçhe âchi de tot piein ïmpoétchaint, ç’ ât d’ aivoi di traivaiye. Bïn chur qu’ en vôs tus les aiduytes, i entçhvâs tot l’ moiyou qu’ vôs tchoijirèz. Mains âdjd’heû, i m’ muse chutôt és afaints, en tus les afaints. I m’muse és afaints qu’ aint ïn pére pe ènne mére, és afaints qu’ lai mére obïn qu’ le pére ât moûe…, és oûerphelïns l’afaints. I m’ muse chutôt és afaints qu’ aint pus d’ ïn pére, pus d’ ènne mére (és afaints des eur’compôjèes faimilles, és afaints d’ ces fannes qu’ vétçhant en coupye obïn és afaints d’ ces hannes qu’ vétçhant en coupye !) En vôs tus, afaints, i djâse bïn soîe, tot sïmpyement, bïn pus soîe qu’ en ces qu’ vôs déchentes, yôs qu’ se diant craibïn : « qu’ ât- ç’ qu’ è s’ mâçhe ç’tu-li… ? » È oh, vôs étes tchoi en ci monde sains le v’lait, dains ci monde qu’ nôs dgén’râchions aint chôbi sains poéyait ran y faire ! D’ nôte temps, nôs, les afaints, nôs n’ dyïns ran, nôs écoutïns ç’ que dyïnt nôs véyes dgens. Les feuyes n’aivïnt p’ d’ ïnmaîdges. È y’ aivait ïn laividjâse â v’laidge, è n’y aivait ran qu’ doûes radios, ran qu’ ènne dyïmbarde. Pe tot d’ ïn côp, tot ât tchoi chus vôs poûeres grants-pairents è pairents : lai télé, ïn valmont d’ machines dains les tchaimps (sayoujes, moûech’noujes, moûech’noujes-layoujes, moûechnoujes-layoujes-baittoujes, etc.), ïn pô pus taîd, les oûerd’nâtous, (les ordinateurs), les poétchâbyes l(ai ou è)vidjâses, (les téléphones portables) les séjaintsïns (les smartphones), les nim’riques tâbiattes (les tablettes électroniques, numériques ou tactiles) … Comprentes, chérs afaints, qu’ tot çoli é fait è piedre lai bôle en vôs pairents è graints-pairents. C’ment qu’ ces novâtès pregnïnt d’ l’ iconanmitçhe ïntérêt dains lai sochietè, vôs chcoléres autoritès (menichtres, députès, etc) aint tot fait po qu’ vôs, afaints, saitcheuchïnt brecôlaie daivô ces novés moiyïns. Mit’naint, ç’ ât vôs, les afaints, qu’ saîtes, ç’ ât vôs pairents, vôs graints-pairents qu’ écoutant. Ç’ ât l’ monde è l’ envie ! Chérs afaints, i entçhvâs qu’ vôs v’lèz poéyait r’ botaie l’ monde è l’ endrèt … ! Mèchi ! J-M. Moine

Vœux

Janvier est le mois des vœux. D’habitude c’est le premier de l’an que le gens se disent « bonjour et bonne année ! » Après cela, tout y passe un peu : une blonde pour un vieux garçon, un mari pour une vieille fille,… même, bien souvent, la fortune. On souhaite à ceux qui ont le jeu dans le sang, de tirer le gros lot, à ceux qui sont toujours sur les quatre chemins un tas de vagabondages… Puis peut-être arrive enfin la santé, le bonheur familial, quelque chose aussi de très important, c’est d’avoir du travail. Bien sûr qu’à vous tous les adultes, je souhaite tout le meilleur que vous choisirez. Mais aujourd’hui, je pense surtout aux enfants, à tous les enfants. Je pense aux enfants qui ont un père et une mère, aux enfants dont la mère ou le père est mort ..., aux enfants orphelins. Je pense aux enfants qui ont plus d’un père, plus d’une mère (aux enfants des familles recomposées, aux enfants de ces femmes qui vivent en couple ou aux enfants de ces hommes qui vivent en couple !) A vous tous, enfants, je parle bien facilement, tout simplement, bien plus facilement qu’à ceux dont vous descendez, eux qui se disent peut-être : « de quoi se mêle-t-il celui-là… ? » Et oui, vous êtes nés en ce monde sans le vouloir, dans ce monde que nos générations ont subi sans rien y pouvoir faire. De notre temps, nous, les enfants, nous ne disions rien, nous écoutions ce que nous disaient nos vieilles gens. Les journaux n’avaient pas d’images. Il y avait un téléphone au village, il n’y avait que deux radios, qu’une seule auto. Et tout d’un coup, tout est tombé sur vos pauvres grands-parents et parents : la télé, un tas de machines dans les champs (faucheuses, moissonneuses, moissonneuses-lieuses, moissonneuses-lieuses-batteuses, etc.), un peu plus tard, les ordinateurs, les téléphones portables, les smartphones, les tablettes électroniques, numériques ou tactiles… Comprenez, chers enfants, que tout cela a fait perdre la tête à vos grands-parents et à vos parents. Comme ces nouveautés prenaient de l’intérêt économique dans la société, vos autorités scolaires (ministres, députés, etc.) ont tout fait pour que vous, enfants, sachiez bricoler avec ces nouveaux moyens. Maintenant, c’est vous, les enfants, qui savez, ce sont vos parents, vos grands-parents qui écoutent. C’est le monde à l’envers ! Chers enfants, je souhaite que vous pourrez remettre le monde à l’endroit… ! Merci. J-M. Moine