Par : Fleury LJ
Publié : 10 octobre 2014

Hypocrites

Hypocrites

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 10 octobre 2014

Hypocrites

{Le dûemoéne, nôs enflïns nos vétures di dûemoène po allaie en lai mâsse des dieche. Lai mére était dj’allèe en çtée des sept, poéche qu’èlle devait faire è dénaie. Nôs, les boûebes, nôs poétchïns ïn cochtume qu’an s’péssait dains lai faimille di pus grôs à pus djûene. Les baîchattes poétchïnt ènne robe qu’lai coudri di vlaidge aivait couju. Èlles aivïnt ïn nodlé dains lai tchouppe. Manquaie lai mâsse di duêmoène était ènne grôsse fâte. Les régents cheurvoyïnt les afaints. Le tiurie cheurvoyait les aidultes. Not’ gros, qu’était eurveni d’son écôle de soudaît, ne vlait pus allaie en lai mâsse. Le tiurie s’en feut l’trovaie po yi faire ènne remontraince : - Dis voûre, Eusèbe, poquoi qu’an n’te voit pus â môtie ? - È y é trop d’hypocrites en lai mâsse. Ç’ât tus des fâs tius, des bigots, des mentous, des r’naîds, des sournois, des toûejus ... - Oh bïn, se ç’n’ât qu’çoli, t’n’és p’fâte de t’en faire. È y airé aidé d’lai piaice po toi. } ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Hypocrites

Le dimanche, nous enfilions nos habits du dimanche pour aller à la messe de dix heures. Notre maman était déjà allée à celle de sept heures, parce qu’elle devait faire à dîner. Nous, les garçons, nous portions un complet qu’on se passait dans la famille de l’aîné au plus jeune. Les filles portaient une robe que la couturière du village avait cousue. Elles avaient un nœud dans les cheveux. Manquer la messe du dimanche était un grave péché. Les enseignants surveillaient les enfants. Le curé surveillait les adultes. Mon frère aîné, qui était revenu de l’école de recrues, ne voulait plus aller à la messe. Le curé est allé le trouver pour lui faire une remontrance : - Dis donc, Eusèbe, pourquoi on ne te voit plus à l’église ? - Il y a trop d’hypocrites à la messe. Ce sont tous des faux culs, des bigots, des menteurs, des fourbes, des sournois, des tordus ... - Oh bien, si ce n’est que ça, tu n’as pas besoin de t’en faire. Il y aura toujours de la place pour toi. ---- La chronique patoise du QJ en direct :