Par : Fleury LJ
Publié : 21 novembre 2009

Le petit sapin de Noël

Le petét saipïn de Nâ, conte

La Babouératte, la Coccinelle

Le petit sapin de Noël.

Un petit sapin avait poussé dans le crêt de la combe à la Vouivre. Il se plaisait bien à l’ombre des grands bois. Lorsque le soleil tapait sur la cime des grands sapins, lui ,il était bien au frais. C’était la même chose quand le vent soufflait, lui ne sentait presque rien. Tout compte fait, il était heureux. Le pied caché dans la mousse, quelquefois des fourmis lui faisaient les chatouilles en passant sur ses racines. Il y avait même un jour, une taupe qui avait eu le toupet de venir creuser un trou, cela avait fait une taupinière. A sa façon, bien sûr, le petit sapin avait souri. Mais un beau jour, nous étions en décembre, il avait neigé. Le petit sapin entendit des enfants qui parlaient de Noël, de sapins de Noël. Le plus proche de lui se mit à crier à l’homme qui le suivait : Regarde oncle Antoine, celui-là comme il est beau ! Celui qui parlait était un enfant de dix ans. Son petit index pointé dans ma direction, il avait enlevé sa mitaine. Avec l’autre main il s’essuyait la nique sous son nez. Les enfants avaient de la neige jusqu’au derrière. Ils s’étaient tous arrêtés devant lui. Oh oui ! Oncle Antoine, il faut le prendre. Il a juste la bonne hauteur pour le mettre à la chambre de ménage, ajouta un autre. Vous êtes bien gentils les enfants, mais je crois que c’est dommage de le scier. Un jour, quand il aura grandi, avec sa bille on aurait pu faire des planches pour fabriquer des meubles. Tu as raison oncle Antoine. Mais je pense tout a coup, si, plutôt que de le scier nous creusions autour pour prendre le sapin avec les racines, le mettre avec la terre dans une seille du temps de Noël, puis, après les fêtes le remettre, quoi, le replanter là où nous l’avons pris. Qu’est-ce que tu en penses oncle Antoine ? Tu as une sacrée bonne idée, petit garçon. C’est ce que nous allons faire. Il faut creuser sans entailler les racines, parce que, sans racines, le sapin va sécher, puis mourir. Les enfants, à genoux dans la neige, avec leurs petites mains creusent pour dégager les racines. En rien de temps, le petit sapin est tiré dehors. Les racines empaquetées dans un sac, il est emporté par l’oncle Antoine à la maison. Tout échauffés, les enfants se mettent au travail pour planter le sapin dans un petit tonneau. Avec précaution on replie les racines. Un peu de terre et de l’eau pour le tenir au frais, voilà notre sapin porté dans la chambre de ménage. Au bout des branches on accroche des boules de Noël toutes brillantes, du chocolat, des paillettes qui scintillent comme des éclairs, et des chandelles. Le soir de Noël pas de fourmis sur son pied, mais une petite étable où les enfants ont mis l’enfant Jésus couché sur de la paille, la Sainte Vierge et Saint Joseph. Il y à aussi un âne, un bœuf, des moutons, et des bergers qui portent des cadeaux. Les gens chantent avec les enfants. Les chandelles allumées font comme des étoiles dans les yeux des enfants. Ce que c’est beau ! Le petit sapin se tient bien droit, il en oublie son crêt. Toute la nuit résonne de chants, de cloches qui carillonnent. Les gens fêtent la naissance du Sauveur du monde. Cette nuit a passée comme un rêve. Les fêtes de fin d’année passées, les enfants ont demandé à l’oncle Antoine de les emmener dans la forêt, pour replanter le petit sapin, là où il l’avait pris. Toute la bande a repris le chemin du crêt. Les racines à nouveau dans la terre, le petit sapin, dans son langage bien sûr, ne cesse de raconter aux oiseaux, à toutes les petites bêtes de la forêt, le beau Noël qu’il a passé dans une maison pleine d’enfants et de gens heureux. Au prochain Noël, il aura poussé de vingt centimètres. Il ne pourra plus rentrer dans la chambre de ménage. C’est dommage ! Pourvu que les enfants à 1’école, aient raconté à leurs camarades comment ils ont fait avec leur sapin de Noël, qu’il ont replanté là, où le Bon Dieu l’avait semé. Ainsi, peut-être bien que la première semaine de janvier, les devants de maisons ne ressembleront plus à des cimetières de petits sapins. {Lai Babouératte, 2009} {La Coccinelle.}

Le petét saipïn de Nâ.

Ïn petét saipïn avait crât dains le crâtant de lai Vouivre. È se pyaisait bïn en lailombre des gros bôs. Tchaind le soroiye friyait su lai boquatte des grôs saipïns, lu, èl était bïn à frâs. C’était aito lai mainme tchose tchaind l’oûere sossiyait, lu è ne sentait quâsi ren. Tot compte faît, èl était haiyuroux. Le pie coitchie dains lai mosse, quéquecôp des freumis y faisaïnt les gatouéyes en péssaint su ses raiçennes. È y aivait mainme ïn djoué ïn boussereu qu’aivait aivu le toupet de vni creûyie ïn ptchu, çoli aivait fait ène moûenire. En sai faiçon, bïn chûr, le petét saipïn aivait sôri. Mains, ïn bé djoué, nos étaïnt en déchembre, èl aivait noidgi. Le petét saipïn ôyi des afaints que djâsaïnt de Nâ, de saipïns de Nâ. Le pus preutche de lu se boté è breûyie en ïn hanne que le seuyait : Révise oncia Tôny, çtu-li cmen èl ât bé ! Çtu que pailait était ïn afaint de dîe ans. Son petét ïndéxe pontè de mai san, èl aivait révè sai mtaine. Aivo l’âtre main è se réssuait lai meuque dôs son nâ. Les afaints aivaïnt de lai noi djünque a tchu. Ès s’étaïnt tus râtè devaint lu. Oh syé ! Oncia Tôny, è fât le pare. Èl é djeûte lai bouènne hâtou po le botè â poiye, aidjouté ïn âtre. Vos étes bïn dgenti les afaints, mains y crais que ç’ât dannaidge de le raîssie. Їn djoué, tchaind qu’èl airé crâs, aivô sai béye ont airait poyu faire des lavons po faibriquaie des moubyes. T’és réson oncia Tony. Mains y muse tôt d’ïn côp, se, putôt que de le raîssie nos creûyerïnt âtoué po pare le saipïn aivo ses raîcennes, le botè aivô lai térre dains in soiyat di temps de Nâ, pe, aiprés les fétes le rebotè, quoi, le repyaintaie laì voùé nos l’ains pris. Qu’âsse que t’en muse oncia Tony ? T’és ène sacœurdie d’aivisâle, boûeba. Ç’ât ço que nos vlent faire. È fât creûyie sains entchaipyaie les raicènes, pouécheque, sains raicènes, le saipïn vai soitchi, pe meri. Les afaints, è djrônye dains lai noi, aivo loûes petétes mains creûyant po dégaidgie les raicènes. En ren de temps le petét saipïn ât tirie feûs. Les raicènes empaiquetèes dains ïn sa,. èl ât empouétchè pai 1’oncia Tony en l’hôtâ. Tot étchâdè les afaints se botant â traivaiye po pyaintaie le saipïn dains in petét bossat. Aivo précâtion on repyèye les raicènes. Ïn po de térre pe de l’âve po le teni à frâs, voilì note saipïn pouétchè dains le poiye. Â bout de ses braintches on n’aiccreutche des bôles de Nâ totes yeusaintes, di chocolat, des paiyattes que cyérants cmen des éluzes, pe des tchaindoiles. Le soi de Nâ, pon de freumis su son pie, mains ène petéte étâle voùé les afaints int botè l’afaint Djésus coutchi su de l’étrain, lai Sïnte Vîerdge pe Sïnt Djoset. È y’aî aito ïn aîne, ïn bûe, des motons, pe des boirdgies que pouétchant des crômes. Les dgens tchaintant aivô les afaints. Les tchaindoiles enfûelèes fint cmen des étoiles dains les eûyes des petéts afaints. Ço que ç’ât bé ! Le petét saipïn se tïnt bïn drait, èl en rébie son crâtant. Tote lai neût rétouéne de tchaints, de cyeutches que gréynants. Les dgens fétant lai néchaince di Sâveur di monde. Çte neût é péssèe cmen ïn sondge. Les fétes de fïn d’an-nèe péssèes, les afaints int demaindè en 1’oncia Toni de les enmouénaie dains les bôs, po repyaintaie le petét saipïn, laì voùé ès l’aivaïnt pris. Tote lai rote é repris le tchmïn di crâtant. Les raicènes è nové dains lai térre, le petét sapïn, dains son djâsaie bïn chûr, ne pyaque de raicontaie és ôsés, en totes les petétes bétes des bôs, le bé Nâ qu’èl aî péssè dains ène mâson pyeine d’afaints pe de dgens haiyuroux. È Nâ de l’an-née è vni, èl airé crât de vïnt cïntimétres. È ne poré pus rentraie dains le poiye, ç’ât dannaidge ! Povu que les afaints en l’écôle aiyaïnt raicontè en loûes caimerâdes cment ès int fait aivô loûe saipïn de Nâ, qu’ès 1’int repyaintè lì, voùé le Bon Dûe 1’aivait voûegnie. Dïnche-lai, craibïn que lai premîere snainne de djainvrie, les devaints d’hôtâs ne vint pus ressannaie en des cemtîres de petéts saipïns. {Lai Babouératte, 2009}