Par : Fleury LJ
Publié : 22 août 2014

La première automobile

Lai premiere dyïmbarde

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 22 août 2014

Lai premiere dyïmbarde

{À vlaidge, niun n’aivait d’dyïmbarde. Tiaind qu’è y en péssait ènne, les afaints rittïnt drie po éprovaie d’lai cheudre. Çoli fsait ïn nuaidge de poussat. Niun n’paitchait en condgie cment de nos djoués, en lai mèe, en lai montaigne ou bïn â l’âtre bout di monde. Le régent airait poéyu, èl en aivait brament des condgies, chutot â tchâtemps. Mains ses djouénèes étïnt bïn occupèes. Èl allait és moures, és mouchirons, è f’sait des p’nies, des crattes, è baiyait ïn côp d’main en son bâ-pére qu’était paiyisïn. An l’poéyait voûere tchairgie â femie, chuaie en lai foénaijon, ambruaie po lai mouchon. Èl en aibaittait dl’ai bésaigne. C’était ïn tot bon l’ovrie, qu’en valait dous, que maindgeait cment trâs èt que boyait ataint. Ïn côp, él ât paitchi sains ran dire. È feut feu tot ènne snainne. Le dûemoéne, â moitan d’lai mâsse, voili qu’an ô ïn bousïn di diaile. Trétus yainçant vés lai soûetchie. C’était l’régent que rveniait. É s’était aitch’tè ènne dyïmbarde.} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

La première automobile

Au village, personne n’avait de voiture. Quand il en passait une, les enfants couraient derrière pour essayer de la suivre. Cela faisait un nuage de poussière. Personne ne partait en vacances comme de nos jours, à la mer, à la montagne ou à l’autre bout du monde. L’instituteur aurait pu, il en avait beaucoup des vacances, surtout en été. Mais ses journées étaient très occupées. Il allait aux mûres, aux champignons, il faisait des paniers, des corbillons, il prêtait main forte à son beau-père qui était paysan. On pouvait le voir charger du fumier, suer à la fenaison, s’activer à la moisson. Il en abattait du travail. C’était un bon ouvrier, qui en valait deux, qui mangeait comme trois et buvait autant. Une fois, il est parti sans rien dire. Il a été absent toute une semaine. Le dimanche, au milieu de la messe, on entend soudain un bruit du diable. Tout le monde se précipite vers la sortie. C’était l’instituteur qui rentrait. Il s’était acheté une voiture. ---- La chronique patoise du QJ en direct :