Par : Fleury LJ
Publié : 2 mai 2014

Une louche bien placée

Ènne potche bïn piaicèe

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 3 mai 2014

Ènne potche bïn piaicèe

È poène mairièe, Yâdine predgé son hanne. Le tiurie eut pidie de çte djûene vave sains afaint.

– Yâdine, i ai fâte d’ènne fanne en lai tiure po tçheûj’naie, faire lai bue.

– Oh, not’ chire, i s’rôs bïn aîje, i vos r’merchie !

Tiaind qu’elle feut en lai tiure, les raînes d’abnétie aicmençainnent è djasaie, è churvoiyie, è épiaie. Des bruts pairvainnent djuqu’en l’évêtçhâ.

È faiyait botaie d’ l’oûedre dvaint qu’ çte Yâdine ne feuche grôsse. Monseigneur v’nié en lai tiure. Not’ chire le rcié d’avô bïn di dgeais.

Le lendmain, Yâdine dmaindé :

– Dites-voûere, i ne r’trove pu çte bèlle potche en airdgent. Vôs n’ l’èz p’ vue ?

– Nian.

– Po chur ç’ât çt’évêtçhe qu’ l’é dérobèe !

– Yâdine, ç’ n’ ât p’ possibye !

Le tiurie graiyné en l’évêtçhe : « Ç ’n’ ât p’ aigie è dire, Monseigneur, mains dâ vot’ péssaidge, nôs ne r’trovans pu not’ bèlle potche en airdgent. »

L’évêtçhe réponjé âch’tôt : « Si vot’ Yâdine coutchait dains son yét, èlle l’airait dj’eurtrovèe. »


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Traduction

Une louche bien placée

A peine mariée, Claudine perdit son mari. Le curé eut pitié de cette jeune veuve sans enfant.

– Claudine, j’ai besoin d’une femme à la cure pour cuisiner, faire la lessive ...

– Oh, Monsieur le curé, je serais bien aise, je vous remercie !

Quand elle fut à la cure, les grenouilles de bénitier commencèrent à jaser, à surveiller, à épier. Des bruits parvinrent jusqu’à l’évêché.

Il fallait mettre de l’ordre avant que Claudine ne soit enceinte. Monseigneur vint à la cure. Notre curé le reçut avec tous les égards.

Le lendemain, Claudine demanda :

– Dites, je ne retrouve plus cette belle louche en argent. Vous ne l’avez pas vue ?

– Non.

– Pour sûr, c’est l’évêque qui l’a dérobée !

– Claudine, ce n’est pas possible !

Le curé écrivit à l’évêque : « Ce n’est pas facile à dire, Monseigneur, mais depuis votre passage, nous ne retrouvons plus notre belle louche en argent. »

L’évêque répondit aussitôt : « Si votre Claudine couchait dans son lit, elle l’aurait déjà retrouvée. »


Voir et écouter la même histoire en patois du Val Terbi


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