Paru dans LQJ du 3 mai 2014
Ènne potche bïn piaicèe
È poène mairièe, Yâdine predgé son hanne. Le tiurie eut pidie de çte djûene vave sains afaint.
– Yâdine, i ai fâte d’ènne fanne en lai tiure po tçheûj’naie, faire lai bue.
– Oh, not’ chire, i s’rôs bïn aîje, i vos r’merchie !
Tiaind qu’elle feut en lai tiure, les raînes d’abnétie aicmençainnent è djasaie, è churvoiyie, è épiaie. Des bruts pairvainnent djuqu’en l’évêtçhâ.
È faiyait botaie d’ l’oûedre dvaint qu’ çte Yâdine ne feuche grôsse. Monseigneur v’nié en lai tiure. Not’ chire le rcié d’avô bïn di dgeais.
Le lendmain, Yâdine dmaindé :
– Dites-voûere, i ne r’trove pu çte bèlle potche en airdgent. Vôs n’ l’èz p’ vue ?
– Nian.
– Po chur ç’ât çt’évêtçhe qu’ l’é dérobèe !
– Yâdine, ç’ n’ ât p’ possibye !
Le tiurie graiyné en l’évêtçhe : « Ç ’n’ ât p’ aigie è dire, Monseigneur, mains dâ vot’ péssaidge, nôs ne r’trovans pu not’ bèlle potche en airdgent. »
L’évêtçhe réponjé âch’tôt : « Si vot’ Yâdine coutchait dains son yét, èlle l’airait dj’eurtrovèe. »
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Traduction
Une louche bien placée
A peine mariée, Claudine perdit son mari. Le curé eut pitié de cette jeune veuve sans enfant.
– Claudine, j’ai besoin d’une femme à la cure pour cuisiner, faire la lessive ...
– Oh, Monsieur le curé, je serais bien aise, je vous remercie !
Quand elle fut à la cure, les grenouilles de bénitier commencèrent à jaser, à surveiller, à épier. Des bruits parvinrent jusqu’à l’évêché.
Il fallait mettre de l’ordre avant que Claudine ne soit enceinte. Monseigneur vint à la cure. Notre curé le reçut avec tous les égards.
Le lendemain, Claudine demanda :
– Dites, je ne retrouve plus cette belle louche en argent. Vous ne l’avez pas vue ?
– Non.
– Pour sûr, c’est l’évêque qui l’a dérobée !
– Claudine, ce n’est pas possible !
Le curé écrivit à l’évêque : « Ce n’est pas facile à dire, Monseigneur, mais depuis votre passage, nous ne retrouvons plus notre belle louche en argent. »
L’évêque répondit aussitôt : « Si votre Claudine couchait dans son lit, elle l’aurait déjà retrouvée. »
Voir et écouter la même histoire en patois du Val Terbi
La chronique patoise du QJ en direct :
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