Par : Fleury LJ
Publié : 25 avril 2014

La fée Arie

Lai tainte Airie

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 25 avril 2014

Si l’on en croit la légende, la bonne fée Arie parcourait jadis nos campagnes récompensant les filles laborieuses et secourant les pauvres. Lucien Lièvre (1877-1958) lui a consacré un long poème en patois dont nous donnons ci-dessous quelques extraits en respectant l’orthographe de l’auteur.

Mai grand’mére saivaie

L’hichtoire (...) Des fées de ci coénat.

*

Dos lai toé de Milandre (...)

Ç’ât li que demoéraie

A temps des hats baiyis,

Dains son mainté doéraie,

Lai fée de ci pays,

Lai douce Tainte Airie

Chi boéne a paysain,

Qu’ais m’en vïnt tot la grie

Ran qu’en vos en djasain.

*

Ais m’en s’vïnt d’ainne fois

Que mon pér’ laboéraie

Ais l’aivaie faim et soi

Et ran pou savoéraie ;

Voili qu’a bout di tchaim

Lai Tainte Airie se môtre,

Elle aipoitchaie di pain,

Di pain pu bianc qu’le nôtre.

*

Tiain nos nos sons mairiaie,

Nos n’aivïns ran de ran,

Que les euy’s pou pueraie

Et nos tiuers de vaingt ans ; (...)

I trove dains mais tchaimbratte (...)

Pien d’étius ainne ouratte. *

* une jarre pleine d’écu


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Traduction

La fée Arie

Si l’on en croit la légende, la bonne fée Arie parcourait jadis nos campagnes récompensant les filles laborieuses et secourant les pauvres. Lucien Lièvre (1877-1958) lui a consacré un long poème en patois dont nous donnons ci-dessous quelques extraits traduits.

*

Ma grand-mère savait

L’histoire des fées de ce coin de terre.

*

Derrière la tour de Milandre,

C’est là qu’elle demeurait

Au temps des grands baillis,

Dans son manteau doré,

La fée de ce pays,

La douce Tante Arie

Si bonne au paysan,

Qu’il m’en vient la nostalgie

Rien que de vous en parler.

*

Il me souvient d’une fois

Que mon père labourait,

Il avait faim et soif,

Et rien à savourer ;

Voilà qu’au bout du champ

La Tante Arie se montre,

Elle apportait du pain,

Du pain plus blanc que le nôtre.

*

Quand nous nous sommes mariés,

Nous avions moins que rien,

Que les yeux pour pleurer

Et nos coeurs de vingt ans ;

Je trouve dans ma chambrette

Une jarre pleine d’écus.


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